Le 25 novembre dernier se tenait la journée Numérique pour Elles, organisée par La Mêlée, JobIRL, Épitech, l’Institut Limayrac et l’École du Digital, et dédiée à l’initiation de jeunes collégiennes aux métiers d’un secteur dont elles sont de plus en plus exclues.
C’était avec l’objectif de faire prendre conscience aux jeunes filles des opportunités que leur réserve le secteur du numérique que La Mêlée, JobIRL, Épitech, l’Institut Limayrac et l’École du digital se sont réunis le 25 novembre dernier à NovaMêlée dans le cadre du programme “Numérique pour Elles” pour échanger avec 60 élèves de troisième sur les différents métiers qu’il compose. Boîte à métiers, manipulations sur l’intelligence artificielle et le développement d’applications, démonstrations de différents outils et techniques pour se plonger plus concrètement dans le numérique, échanges avec des professionnels et des étudiants afin de « désacraliser » leur quotidien… Tout un parcours attendait les collégiennes venues faire un tour d’horizon des différents métiers « tech », qui paraissent souvent très abstraits, que ce soit pour les plus jeunes ou pour le grand public en général. « Nous avons découvert pas mal de métiers sur le numérique, comme designer UI-UX, qui font les interfaces des logiciels, nous avons découvert le site JobIRL et nous avons fait du code pour comprendre comment fonctionnent les logiciels. Je ne connaissais pas tout ça, et c’était assez intéressant », se réjouissait Maëlle, élève de troisième au collège Pierre Labitrie à Tournefeuille.
« Une société du numérique sans les femmes, cela va poser problème »
Cette initiative est née d’un constat simple, celui du désintérêt croissant des jeunes filles pour les métiers du numérique. Une tendance qui s’expliquerait par une certaine méconnaissance du secteur et dont les conséquences pourraient s’avérer dramatiques quant à l’égalité homme/femme dans les années à venir face au marché du travail. « Le numérique, c’est l’avenir de toutes les filières. Quand on voit que le nombre de femmes en école d’ingénieurs et en école de programmation a diminué sur les dix dernières années, on se dit qu’il y a clairement un problème structurel à effet cliquet. À un moment donné, on va voir les étudiantes du numérique ne plus être présentes dans les écoles qui formeront aux métiers de demain, ceux qui seront les plus valorisés, qui permettront la plus grande mobilité et un vrai plan de carrière à long terme. Je suis toujours inquiet quand je vois qu’une partie de la population est exclue ou s’exclut du marché du travail. Ce n’est pas sain », regrette Marc Sztulman, conseiller régional délégué au Numérique pour Tous, venu apporter son soutien à l’opération. « Aujourd’hui il y a trop peu de jeunes filles qui s’orientent vers les métiers du numérique. Alors que la société se construit avec le numérique, si elle se fait sans les femmes cela va poser problème. Ce sont des métiers porteurs et rémunérateurs, et il est dommage que les femmes n’en bénéficient pas et ne soient pas sur ces beaux métiers d’avenir », confirme Agnès Montmerle, co-animatrice au sein de la Mêlée des commissions Jeunes et Numériques et Femmes et Numérique et Déléguée Régionale de l’association JobIRL, un réseau social solidaire qui met en relation les jeunes et les pros pour les accompagner dans leur orientation.
Des collégiennes intéressées et curieuses
Parmi les ateliers proposés figurait celui consacré au développement web, animé par Amel de la Compagnie du Code. Ce dernier avait pour objectif d’initier, entre autres, aux langages de programmation basiques sur Replit, qui permet d’avoir une page de code d’un côté et l’interface d’un site en simultané. « Je les ai senties très impliquées, intéressées et curieuses, c’était très agréable de mener ces ateliers avec elles. J’ai fait trois groupes d’une dizaine de collégiennes et les trois groupes étaient très motivés et attentifs. Quelques-unes connaissaient déjà un peu, mais pour la grande majorité c’était une découverte », se félicitait Amel. Un constat que la jeune Maëlle n’a fait que confirmer. « Avant, nous ne savions pas trop ce que c’était le code. Le numérique, on pense tout le temps que c’est juste rester derrière un ordinateur, alors qu’en fait il y a beaucoup de métiers, c’est très vaste », reconnaissait-elle.
Informer pour mieux s’orienter
« Même si elles ne souhaitent pas en faire leur métier, c’est bien pour leur culture générale de connaître un minimum et qu’elles sachent que les portes leur sont ouvertes », expliquait Amel, distinguant la volonté d’inciter ces jeunes filles à s’orienter vers le numérique et celle de leur permettre de détenir tous les éléments nécessaires pour s’émanciper professionnellement et rester maîtres de leur orientation. Une approche qui semble avoir porté ses fruits. « Moi, j’aimerais être architecte. Aujourd’hui j’ai pris conscience qu’il existait d’autres types d’architecture dans le numérique. Cette journée me fait un petit peu repenser ce que je veux faire plus tard », confiait Maëlle. Une petite victoire pour Agnès Montmerle, qui expliquait en amont que « si dans un coin de leur tête, elles, qui ne pensaient pas du tout à s’orienter vers les métiers du numérique avant, se disent en sortant de cette journée “c’est peut-être pour moi finalement, j’y ai ma place”, nous aurons gagné ». Pari réussi donc.
Sur la photo: les collégiennes invitées à participer aux différents ateliers proposés lors de la journée Numérique pour Elles. ©Clément Seilhan.