À l’occasion du Vinackathon, organisé le 24 novembre au Mas de Saporta dans le cadre du programme Wine Connect by La Mêlée, une certitude s’impose : le monde viticole ne peut plus se contenter de traditions bien rodées et de recettes éprouvées. Experts, coachs et entreprises du numérique ont planché aux côtés des domaines sur des difficultés très concrètes, de la production à la distribution. Parmi eux, Laurent Lubrun, chargé de clientèle chez Orisha Agrifood, est venu dresser un constat lucide sur une filière qui n’a plus le choix : elle doit se transformer, et vite.
Dans les discussions, les mêmes préoccupations reviennent en boucle. La baisse de la consommation, l’évolution des attentes des jeunes générations, la pression réglementaire et économique. “Le marché du vin et des spiritueux représente près de 70 % de notre activité. Il évolue très vite et il faut suivre ce mouvement”, souligne Laurent Lubrun. Orisha Agrifood, branche du groupe Orisha, a fait le pari d’accompagner ce changement en proposant deux logiciels couvrant l’ensemble des opérations : production, gestion des stocks, douanes, commandes, commercialisation. L’idée affichée : une seule plateforme pour piloter toute la chaîne de valeur.
Mais derrière ces outils, c’est un changement de paradigme qui se joue. Les consommateurs boivent moins, mais mieux. Les domaines cherchent à maintenir leurs marges, à optimiser leurs flux, à rester visibles face à des modèles de distribution complètement bouleversés par l’e-commerce et les marketplaces. La pression n’est plus seulement commerciale : elle est réglementaire. La douane a modifié ses protocoles de communication numérique et les exploitations doivent s’adapter immédiatement. Les éditeurs aussi. « Les vignerons veulent être plus performants », résume Laurent Lubrun. Une formule qui en dit long sur l’évolution du métier : produire ne suffit plus, il faut maîtriser les données, les stocks, la réglementation et le marketing.
On évoque souvent, dans le secteur viticole, une résistance au changement. Orisha observe plutôt l’inverse. Les structures qui viennent chercher ces solutions numériques ont déjà franchi une étape de maturité digitale. Elles veulent des outils plus performants, pas une rupture avec l’artisanat. Le numérique ne remplace pas le savoir-faire : il absorbe ses contraintes nouvelles. Il permet de répondre à des enjeux que les seuls process traditionnels ne suffisent plus à résoudre.
La présence d’Orisha Agrifood au Vinackathon ne se résume donc pas à une vitrine commerciale. L’événement devient un baromètre. On y mesure les fractures du secteur : les petites exploitations face aux gros volumes, l’impact de la baisse de consommation, la réglementation qui évolue plus vite que les organisations. Ce n’est pas seulement un laboratoire de solutions : c’est un observatoire des tensions qui traversent la filière.
Le marché du vin change, et il change sous contraintes. Les outils numériques ne sont pas une solution miracle, mais un levier devenu indispensable pour maintenir la compétitivité, organiser la vente directe, anticiper la réglementation et répondre à des modes de consommation plus sélectifs. Si le vin reste une affaire de savoir-faire, il est devenu aussi une affaire de stratégie et d’organisation. Le Vinackathon en apporte la démonstration : le numérique n’efface pas la tradition, il la force à évoluer.
