Patricia Braun : « L’Occitanie a une carte à jouer dans les deeptech »

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Selon une étude du cabinet de conseil In Extenso Innovation Croissance et de l’Essec Business School, l’Occitanie se classe en 2022 au 4e rang des régions les plus dynamiques de France en termes de levées de fonds (derrière l’Ile-de-France, Auvergne-Rhônes-Alpes et Nouvelle-Aquitaine). La Tech d’Occitanie enregistre ainsi quarante-deux opérations d’un montant total de 381 millions d’euros. Le baromètre annonce également une année record pour la French Tech au niveau national avec 13,6 milliards d’euros levés contre 11 milliards d’euros en 2021. Décryptage avec Patricia Braun, présidente d’In Extenso Innovation Croissance.

À quoi attribuez-vous ce dynamisme national malgré les fortes perturbations rencontrées en 2022, comme la guerre en Ukraine ou la flambée des prix de l’énergie ?
Le premier semestre 2022 a été particulièrement actif avec de grosses opérations à plus de 50 ou 100 millions d’euros sur tout le territoire. De nombreux fonds qui investissaient plutôt dans des entreprises cotées se sont tournés en 2022 vers des start-up. Ils sont en recherche d’une promesse de rendement record qu’apporte le capital-risque. Ils vont miser sur des start-up qui auront la capacité à exploser, à sortir du cadre dans les années à venir. De plus, d’un point de vue opérationnel, le contexte difficile, l’inflation ou le coût de l’énergie n’impactent qu’à la marge les comptes de résultat des entreprises tech, dont l’activité est souvent basée sur des solutions logicielles.

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Pourquoi l’Occitanie affiche-t-elle une bonne position dans votre classement ?
Quelques opérations d’envergure tirent l’Occitanie vers le haut du classement avec des montants levés importants. Cinq levées représentent ainsi plus de la moitié des opérations de la région, d’un total de 381 millions d’euros. Il s’agit de cinq sociétés, dont deux avec déjà une grande maturité, comme I-Run dans la mode-sport avec 100 millions d’euros ou Sweep, une cleantech, avec 66 millions d’euros. Elles sont suivies par Naïo Technologies, dans la robotique agricole, avec 30 millions d’euros, et de deux start-up en santé, SeqOne et Microphyt avec, respectivement, 20 et 15 millions d’euros levés. Les investisseurs sont majoritairement des fonds nationaux voire internationaux.

Justement, être basée en Occitanie, est-ce un atout ou une faiblesse pour une start-up en recherche d’investisseurs ?
En 2022, plus de 80 % des opérations de levées de fonds ont eu lieu en Ile-de-France. Il y a donc une corrélation entre l’implantation d’une start-up et sa capacité à lever des fonds. Mais est-ce un choix des fonds d’investissements ou y a-t-il simplement moins de candidats en région ? Difficile à dire. Pour se rapprocher des investisseurs nationaux, une entreprise d’Occitanie peut se doter de bureaux commerciaux en Ile-de-France. Et l’Occitanie a une carte à jouer dans les deeptech, avec des actifs compétents dans la santé, l’aéronautique ou la recherche. Autant de cadres susceptibles de créer leur société et dotés d’une expertise qui rassurera les fonds de capital-risque. Les success story ne manquent pas, comme celle de Swile dans la fintech ou Teads dans les média, toutes deux à Montpellier.
Propos recueillis par Isabelle Meijers

Sur la photo : Patricia Braun, présidente d’In Extenso Innovation Croissance, qui a réalisé le baromètre des levées de fonds de la French Tech en 2022 en partenariat avec l’Essec Business School. Crédit : In Extenso Innovation Croissance.