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Premier événement business organisé à la Cité à Toulouse, les Rencontres Cybersécurité d’Occitanie organisées par ToulÉco en partenariat avec l’Anssi et la Région Occitanie ont fait le plein. L’événement était aussi retransmis depuis la Cité de l’Economie et des Métiers de Demain de Montpellier et diffusé en digital. Comment rompre la solitude des entrepreneurs face à la cybersécurité au moment où le numérique a subi une accélération ? Telle a été la question au cœur des débats.
Télétravail, visioconférences, essor du e-commerce ; l’étrange année que nous venons de passer a été celle d’une grande accélération dans le domaine numérique. Ce qui n’est pas sans causer des remous niveau cybersécurité. Comment, en tant qu’entrepreneur, ne pas se sentir trop seul dans ce contexte face à des problématiques souvent complexes ? C’était la question clé de ces RCO 2021 qui occupent pour la première fois le cadre majestueux de la Cité. Yves Verhoeven, sous-directeur Stratégie au sein de l’Anssi, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, fait le bilan chiffré d’une période de crise sanitaire où son autorité nationale n’a pas chômée et est venu en aide aux acteurs institutionnels et économiques essentiels dans la difficulté : « En 2020, 2300 signalements ont été faits auprès de l’Anssi. Vingt opérations de cyberdéfense ont été menées par des équipes de cinq à trente ingénieurs. En Occitanie, nous sommes intervenus auprès de six établissements santé et dix-neuf collectivités territoriales », résume Yves Verhoeven. Par ailleurs, 250 structures occitanes ont été accompagnées dans le cadre « de diagnostic cybersécurité ».
La cybersécurité, une problématique technique mais surtout humaine
Pour venir en aide à l’agence, l’État s’est particulièrement engagé en 2020-2021. Au moment où les systèmes informatiques d’établissements de santé ont été attaqués, le gouvernement a débloqué 1 milliard d’euros sur le sujet de la cybersécurité. Dans le plan de relance, ce sont 136 millions d’euros qui sont consacrés à la question afin de permettre de redynamiser ce secteur et de financer le développement futur de celui-ci. Le sous-directeur semble particulièrement attaché au futur « campus national », qui formera les futurs talents de la cybersécurité à la Défense à Paris, puis dans d’autres régions de France.
Au niveau de l’Occitanie, l’Ansii est représentée par Rémy Daudigny. Il fait le suivi avec les agents de l’agence, ainsi que les institutions locales et les entreprises les plus stratégiques (défense, santé, biotechnologies, etc.). « Mais c’est d’abord une décision politique du chef d’entreprise de s’emparer de ce risque, comme tous les autres (cambriolages, incendies, etc.) qui peuvent toucher son entreprise », estime le délégué régional à la sécurité numérique lors d’un grand débat en plénière.
Brigitte Geoffriault, directrice de l’Économie et de l’innovation à la Région Occitanie va dans le même sens : « La cybersécurité, ce n’est pas seulement technique. Il s’agit d’une transformation profonde de l’approche du chef d’entreprise par rapport à son travail. » Elle insiste sur la « dimension humaine du problème » qui peut avoir « des conséquences psychologiques » : « Quand l’entrepreneur est confronté à une attaque informatique d’ampleur, c’est un effondrement technique, mais aussi un effondrement humain », considère-t-elle.
Les rançongiciels, premières menaces depuis la crise Covid
Pour ne pas sombrer, les entrepreneurs de tous les domaines ont des organisations nombreuses auxquelles se raccrocher, comme par exemple la plateforme Cybermalveillance.fr, guichet unique pour les particuliers, les entreprises, les collectivités territoriales qui agit notamment pour aider les entreprises victimes de rançongiciels. Cette arnaque est devenue « la première menace depuis le Covid avec une hausse inédite des attaques », selon Laurent Verdier, chargé de mission sensibilisation au sein du dispositif lancé par le gouvernement.
L’action des divers acteurs du cyber a évité que « la crise sanitaire devienne une crise de cybersécurité », estiment plusieurs intervenants de la table ronde. Pour Brigitte Geoffriault, l’enjeu est surtout « de former les générations futures » à la sécurité numérique. « C’est une question importante de société. Pour eux, le flou est grand entre vie professionnelle et personnelle, entre numérique et réel. Cela pose des interrogations sur les libertés. C’est un débat quasi-philosophique », conclut-elle.
Matthias Hardoy
Sur la photo : la remise des Trophées Cyber dans le hall de la Cité. Crédits photo : Rémy Gabalda – ToulÉco.