Le nouvel opérateur toulousain Kinéis, qui vise un tour de table de 100 millions d’euros, prévoit de lancer une constellation de vingt nanosatellites en 2021. Avec pour objectif de localiser les objets connectés sur toute la surface de la terre.
L’internet des objets fait rêver, tant la perspective des marchés est considérable. Selon une étude publiée par le groupe informatique Cisco, le nombre d’objets connectés dans le monde dépasserait les 30 milliards à l’horizon 2020. Encore faut-il assurer la meilleure connexion possible, car les liaisons terrestres ne suffiront pas.
Aux côtés des grands projets, comme SpaceX ou OneWeb, le petit poucet Kinéis se positionne. Cet opérateur né à Toulouse en septembre 2018 propose de localiser en continu et sur toute la surface de la terre deux millions d’objets connectés en 2028. Comment ? En lançant en 2021 une constellation de vingt nanosatellites, développée par Thales Alenia Space, Nexeya et Syrlinks. Et pour atteindre cet objectif, l’entreprise finalise un tour de table afin de réunir 100 millions d’euros d’ici la fin de l’année auprès de financeurs publics, dont le Cnes, et privés.
En revanche, si cette (jeune) entreprise a de grandes ambitions, elle ne part pas de zéro. Elle est la filiale à 100 % de CLS – elle-même filiale du Cnes – qui depuis quarante ans commercialise des services d’observation et de surveillance de la Terre grâce aux balises Argos. « Nous avons déjà des outils », assure Jean Muller, directeur du développement de Kinéis. « Les six satellites en orbite polaire (exploités jusque-là par CLS, NDRL) localisent 25.000 objets connectés. Avec Kinéis, nous changeons d’échelle. Notre constellation sera la première de l’IoT spatial en Europe ».
Agriculture et industrie
Kinéis cible plusieurs secteurs, dont l’agriculture. L’entreprise envisage par exemple de suivre à la trace des troupeaux d’animaux mais aussi des containers de marchandises pour le compte de transporteurs. L’opérateur ouvre aussi sa connectivité en continu aux sportifs et plus largement aux touristes.
Avec l’installation d’une balise équipée d’une puce à moins de 10 euros, les randonneurs, les plaisanciers mais aussi les pilotes de petits avions pourront être géolocalisés n’importe où, envoyer des messages et alerter les secours en cas d’accident. Des discussions sont en cours avec le Comité alpin français, qui fédère 90.000 membres. Kinéis, qui emploie actuellement dix salariés, a déjà dressé sa feuille de route. Elle table sur un chiffre d’affaires compris entre 75 et 100 millions d’euros et un effectif d’une centaine de personnes en 2028.
Audrey Sommazi