Télécoms. Toulouse veut révolutionner la ville de demain

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ToulÉco

Des feux qui passent au vert pour laisser passer les ambulances, des bus qui se garent tout seul, ou encore des rames de métro équipées de vidéosurveillance… Le projet HI5 actuellement mené par la Métropole toulousaine a transformé la ville en laboratoire à ciel ouvert. Les débouchés sont nombreux. Explications.

Depuis plus de vingt ans et l’essor de la téléphonie mobile, Toulouse est réputée pour ces expérimentations novatrices en matière de télécoms. Celle actuellement en cours dans la Ville rose promet une véritable révolution dans les usages, au point que la présidente de l’Arcep [1], Laure de La Raudière, en visite à Toulouse au printemps dernier, a qualifié ce projet de « très en avance ». 

Concrètement, il s’agit de doter l’espace urbain de capteurs et de réseaux très haut débit qui communiquent naturellement entre eux avec une fiabilité inédite jusqu’alors. « Tout le monde connaît les maisons et les immeubles connectés… Imaginez cette technologie à l’échelle d’une ville entière », résume Philippe Mlakar, directeur général de la SPL Zefil. Cette société publique locale raccorde déjà le territoire de la métropole en fibre optique, dont les différentes stations des deux lignes de métro pour permettre aux Toulousains d’utiliser le réseau 4G de leur opérateur dans les rames voyageurs. Et c’est également elle qui participe à ce laboratoire à ciel ouvert à l’échelle de la ville.

Baptisée HI5, du nom de l’appel à projet européen que Toulouse Métropole a remporté jusqu’en 2026 avec Alsatis, ce projet comprend un réseau mobile 5G « souverain » qui a été déployé sur plusieurs grands sites, comme le B612, la prairie des filtres ou encore le Meett. « Lors de grands rassemblements publics, les réseaux classiques sont très souvent saturés. Notre réseau est réservé aux services de secours comme les pompiers, la sécurité civile ou la police municipale, pour leur permettre d’intervenir vite et sans encombre », poursuit Philippe Mlakar.

Des GPS précis au centimètre

Mais ce n’est pas tout : couplé à une autre technologie, baptisée RTK [2], ce même réseau autorise des positionnements par satellite fiables et avec une précision de l’ordre du centimètre. Là encore, les possibilités sont nombreuses. « Le RTK permet de corriger les données GPS pour les rendre à la fois très fiables, et très précises. Ainsi, les feux pourront passer automatiquement au vert pour les ambulances ; les véhicules lourds pourront adapter leur vitesse pour éviter de s’arrêter aux carrefours, les bus pourront se garer tout seuls à quelques centimètres les uns des autres », énumère Xavier Leblan, directeur du laboratoire d’essai Guide, qui accompagne Zefil dans cette expérimentation. « On pourra aussi les utiliser pour la maintenance prédictive et, bien sûr, pour les véhicules autonomes. Ces technologies sont d’ailleurs actuellement utilisées par les navettes d’EasyMile sur le campus de l’Université Paul Sabatier. »

Le projet HI5 est doté par l’Union européenne de 2,8 millions d’euros, auxquels il convient d’ajouter 4 millions d’euros de la part de Toulouse Métropole et 500.000 euros d’Alsatis. Cette infrastructure télécom a quelques années d’avance sur les technologies actuelles mais ; une fois éprouvée, il est fort à parier que ses services seront déployés de façon plus ouvertes. La collectivité y voit de nouvelles opportunités de business. « Elle pourrait autoriser notamment les entreprises locales à lancer de nouveaux services », précise Bertrand Serp, vice-président transition digitale de Toulouse Métropole.
M.V.

Sur la photo : Xavier Leblan, directeur du laboratoire d’essai Guide et Philippe Mlakar, directeur général de la SPL Zefil, travaillent de concert sur des technologies satellites plus précises et plus fiables. Crédits : M.V. – ToulÉco.

Notes

[1] Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse

[2] Real Time Kinematic