Si le cloud apporte plus de souplesse aux entreprises, l’informatique déclenchée par les événements contribue de son coté à la baisse des coûts et permet un développement d’applications plus efficace. Bienvenue dans l’ère serverless.
Le cloud a été une aubaine pour de nombreuses entreprises, et a permis aux DSI de réduire le nombre de leurs serveurs ou même de fermer des datacenters. Les DSI peuvent aujourd’hui exploiter en mode service des ressources de calcul, de stockage et d’autres outils chez plusieurs fournisseurs. Mais un petit contingent de responsables informatiques cherche une manière plus efficace de louer de la puissance serveur. Plutôt que de prendre en charge la conception et la gestion d’une plateforme cloud -souvent complexe et onéreuse au final – ils misent sur le serverless. Ce terme en vogue depuis deux ans ne signifie pas la fin des serveurs mais plutôt la fin de la configuration et de la gestion des serveurs par les utilisateurs qui exécutent du code notamment avec des applications distribuées.
Avec l’informatique serverless, les instances de cloud ne sont plus allouées, mais restent inactives jusqu’à ce qu’elles soient sollicitées pour alimenter les applications et autres fonctions. Les ressources sont donc provisionnées uniquement lorsqu’un événement spécifique se produit. Un exemple classique d’informatique événementielle est l’Internet des objets (IoT), avec des dispositifs basés sur des capteurs réagissant aux déclencheurs à la volée. Donc, lorsqu’un utilisateur accède à une application mobile à partir de son smartphone (l’événement), les machines virtuelles du cloud récupèrent et diffusent les informations.
Jongler avec 1, 2 ou 3 clouds
Le directeur technique du New York Times, Nick Rockwell, a expliqué à notre confrère Clint Boulton d’IDG qu’il est convaincu que le serverless, appelé aussi « fonction as a service » (FaaS), représente la prochaine étape du cloud, et permettra aux développeurs de se concentrer sur l’écriture de code plutôt que sur les serveurs. « Le serverless rend les produits fiables et évolutifs », explique-t-il, « à long terme, sur le plan économique, ce sera beaucoup moins cher tout en étant beaucoup plus efficace. »
Aujourd’hui, les données du New York Times sont largement partagées sur deux clouds : AWS et Google Cloud Platform (GCP). Les migrations sur le cloud ont aidé, mais les gérer reste une corvée pour les équipes d’infrastructure de Nick Rockwell qui doivent toujours déterminer le nombre d’instances AWS et GCP dont elles ont besoin, leur taille, si elles nécessitent des entrées, des sorties ou de la mémoire supplémentaires. Ils ont ensuite besoin de configurer chaque instance et de corriger et réinstaller le logiciel sur les systèmes d’exploitation.
De plus, ils doivent gérer les dépendances associées à chaque application, et comprendre comment chaque partie d’une application évolue. «L’utilisation et l’optimisation des ressources incombent au client», explique Nick Rockwell, faisant écho à une plainte exprimée par de nombreux DSI au fil des ans. « Le problème, lorsqu’on loue 50 instances, c’est si l’une est totalement chargée et les 49 autres inactives ».
La prochaine révolution informatique ?
D’où l’intérêt de Nick Rockwell pour le serverless, qui résout le problème des instances inactives. Lorsqu’un événement prédéfini se produit, le code écrit spécifiquement pour exécuter une fonction est déclenché et la plate-forme effectue la tâche. Les clients n’ont pas besoin de dire au fournisseur de cloud combien de fois ces fonctions seront déclenchées, et ils paient une fraction de centime chaque fois qu’une fonction est exécutée. En raison du gaspillage dans les instances cloud inactives, le directeur technique du NYT souligne que le serverless pourrait générer des gains d’efficacité de cinq à dix fois supérieurs qu’actuellement.
Reste à voir si le serverless va devenir la prochaine révolution en informatique. Selon Gartner, plus de 90% des déploiements serverless auront lieu en dehors des groupes d’infrastructure et d’exploitation des départements informatiques. AWS a lancé Lamba en tant que première plate-forme commerciale serverless en 2014. Les offres comparables de Microsoft et Google devraient assurer la concurrence, en créant plus de choix pour les clients. Nick Rockwell exécute actuellement le jeu de mots croisés NYT et d’autres applications grâce au serverless dans App Engine de Google, mais il prévoit d’exécuter plus de programmes de cette façon.
Par Clint Boulton, IDG (adapté par Nicolas Certes)