Élisabeth Kimmerlin, Premières Occitanie : « Seulement 20 à 25 % des entreprises innovantes sont créées par des femmes »

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ToulÉco

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Présidente des Premières Occitanie, vice-présidente du réseau national Les Premières, Élisabeth Kimmerlin détaille le fonctionnement des incubateurs de l’association. Elle souligne le besoin d’accompagnement spécifique des femmes porteuses de projets innovants.

Pourquoi les Premières Occitanie est-il un incubateur exclusivement dédié aux femmes créatrices d’entreprise ?
Car nous voulons donner encore plus envie aux femmes d’entreprendre en levant les obstacles et en mettant en avant des rôles modèles inspirants. La notion de création d’entreprise est associée à celle de prise de risque. Or, le risque est encore aujourd’hui plus valorisé chez l’homme que chez la femme, sur laquelle repose beaucoup de charges familiales. Les femmes qui ont des économies les mettent souvent de côté en cas de coup dur. Elles vont avoir du mal à quitter un travail salarié pour entreprendre. Elles représentent 50 % de la population active, et seulement 20 à 25 % des entreprises dites innovantes sont créées par des femmes. Il faut donc les accompagner dans ce saut et rompre leur isolement. C’est ce que propose le réseau associatif des Premières en national, avec son collectif de vingt-deux incubateurs, dont celui d’Occitanie créé en 2017.

Quel est le type d’accompagnement proposé par Les Premières ?
Nous sommes présents à la Cité à Toulouse et bientôt à la Halle de l’innovation à Montpellier, au sein d’écosystèmes stimulants. Notre accompagnement s’articule autour de quatre programmes (Start, Go, Play et Boost), qui adressent les problématiques des différentes phases de développement d’une entreprise. Car la création d’une entreprise n’est pas un sprint mais plutôt une course de fond. Le module Start permet aux créatrices de réfléchir à leurs atouts ou points faibles. Ensuite, les autres programmes, sur six à huit mois chacun en moyenne, comprennent des ateliers d’expertise dans certains domaines, marketing, commercial, comptabilité, financement, animés par des coachs et des spécialistes certifiés. Nos deux premiers programmes sont gratuits pour les participantes. Les deux derniers reviennent à 80 à 100 euros par mois.

Quels sont les profils d’entrepreneures recherchés ?
Nous accompagnons des porteuses de projets innovants, à impact et créateurs d’emplois. Mais attention, l’innovation n’est pas que technologique. Il peut y avoir de l’innovation dans les services, dans le social ou dans un modèle d’affaires inventif. Par exemple, le Mouton Givré, à Figeac, qui propose une glacière isotherme en laine, lin et chanvre, n’aurait jamais eu ce développement sans l’accompagnement des Premières. Nous cherchons à donner confiance aux femmes dans leur capacité à créer une entreprise. Depuis 2017, en Occitanie, nous avons accompagné près de 130 projets qui ont mené à une cinquantaine de créations d’entreprises. Notre ambition, en 2023, est de créer un programme spécifique dédié à la reprise de sociétés. Car seuls 5 % des repreneurs d’entreprise sont des femmes (et 20 % en reprise intrafamiliale). C’est un vrai sujet de développement pour notre association.
Propos recueillis par Isabelle Meijers

Sur la photo : Élisabeth Kimmerlin, présidente des Premières Occitanie, incubateur dédié aux femmes porteuses de projets innovants. Crédit photo : DR.