Le mercredi 29 septembre, le Comité Départemental du Tourisme Haute-Garonne et l’association La Mêlée dévoilaient les grands vainqueurs du Challenge Tourisme et Mobilité, projet d’innovation ouverte pour co-construire des solutions idées et solutions numériques permettant de contribuer à résoudre la problématique du dernier kilomètre dans le domaine touristique et valoriser une mobilité décarbonée sur le département. Pour l’occasion, Mid e-news vous propose de faire un zoom sur les quatre lauréats qui ont su séduire un jury de professionnels du secteur.
Iodines
Iodines est un service d’autopartage pour faciliter la ville, mettant à disposition des voitures disponibles 24h/24 et 7j/7. Il suffit pour l’utilisateur de réserver à partir de son smartphone un véhicule avec lequel il sera autorisé de stationner librement et gratuitement sur Toulouse. Un système de location et d’autopartage le plus simple possible destiné à désengorger la ville qui lui a valu le prix Mobilité et Tourisme Haute-Garonne. « Pour nous, ce prix est l’occasion de nous faire connaître hors du Grand Toulouse, de nous ouvrir des portes dans le domaine du tourisme », explique Caroline Assel, chargée de communication chez Iodines.
À travers sa solution, Iodines s’est donné pour mission de démocratiser l’autopartage, afin qu’il ne soit perçu, non seulement comme une pratique propre à la ville, mais aussi applicable en milieu rural, ainsi que pour les personnes qui souhaitent partir en vacances. « Nous essayons de proposer notre solution aux promoteurs qui s’installent de plus en plus loin de Toulouse. Ils sont presque obligés, aujourd’hui, de proposer des solutions vertes dans leurs structures, et il est vrai que l’autopartage a bonne presse. Il libère des places de stationnement, et évite aux ménages d‘avoir deux véhicules par exemple. Certaines communes achètent leurs véhicules, mais c’est un coût pour eux. Nous, nous les fournissons, et elles n’ont rien à dépenser », affirme Caroline Assel.
Alors que la solution est disponible uniquement pour les conducteurs toulousains, la chargée de communication de Iodines confirme les intentions de la société d’élargissement de son territoire. « Nous aimerions beaucoup nous ouvrir de manière nationale, et nous étendre sur d’autres villes. Nous essayons de ne pas trop être gourmands, il faut savoir grandir avec le marché. Iodines fait son nid petit à petit, et même si l’on a des envies de grandeur, nous gardons les pieds sur terre et les roues au sol », assure-t-elle.
Fullbus
Fullbus est une plateforme de mise en relation entre les compagnies d’autocars de tourisme et les particuliers qui souhaitent voyager de façon plus économique et responsable. Impulsé à Bordeaux par trois fondateurs qui partageaient l’envie commune de participer à la relance économique du tourisme tout en réduisant l’impact environnemental qu’il implique, le projet a pour objectif de profiter des trajets à vide des autocars pour desservir les zones rurales parfois difficiles d’accès. La start-up, qui met un point d’honneur à rendre ses trajets accessibles à tous, propose des prix réduits, fixés par tranches kilométriques, indépendamment de la saisonnalité ou de la temporalité de réservation du voyageur.
Fille de conducteur d’autocars de tourisme et aujourd’hui fondatrice et responsable marketing de Fullbus, Clémence Camby est depuis longtemps consciente de cette problématique des trajets retours à vide. Elle confie par ailleurs avoir eu le projet d’y remédier depuis le début de ses études. « Mon père me disait souvent en rentrant de son travail qu’il en avait marre de faire ses trajets retours tout seul, et que ce serait drôle de pouvoir prendre des gens au hasard sur la route qui en ont besoin. Il avait déjà une sensibilité environnementale, et le fait de se répéter que ces autocars représentaient à chaque trajet en moyenne 53 places non utilisées sur plusieurs kilomètres lui avait fait naître cette idée. Dès 2017, je lui ai dit : “cette société, on la fait si tu veux”. Je ne m’en rendais pas compte, mais je n’étais qu’en deuxième année d’études, je n’avais pas du tout les compétences. C’est à la fin de mes études que j’ai rencontré Clément et Léa (Clément Léonard, responsable juridique, et Léa Lasjaunias, responsable commerciale, ndlr). Je leur ai proposé ce projet qui leur a beaucoup plu, et nous avons décidé de le monter pour de vrai, en y ajoutant notre petite touche à nous », se rappelle-t-elle.
Lauréat du Challenge Tourisme et Mobilité, Clémence Camby se dit très heureuse d’avoir confronté le projet de Fullbus à des acteurs du tourisme. Une première pour la start-up. « Même si nous travaillons avec des compagnies partenaires, l’exercice du pitch n’est pas simple, et l’avoir fait nous a permis de nous rendre compte que notre projet plaît, qu’il a du potentiel. Cela nous rend très fiers. Je pense aussi que ce prix peut nous amener de belles choses en Haute-Garonne, où notre associée Léa, désormais toulousaine de cœur, s’est récemment installée et souhaite ancrer le projet sur ce territoire. Nous voulons favoriser à la même échelle la Haute-Garonne et la Nouvelle-Aquitaine, et ce prix est un gage de crédibilité pour nous. Nous avons hâte de travailler avec le département sur le développement de Fullbus », se réjouit-elle.
Actuellement, Fullbus s’apprête à faire des demandes de subventions publiques et privées pour assurer le développement de la solution. Au-delà de la création de cette plateforme de mise en relation, la société a l’ambition de digitaliser le secteur du transport en autocar. « Les compagnies ont déjà des logiciels à eux. Nous, nous ne souhaitons pas les encombrer avec de nouvelles solutions digitales, mais plutôt les accompagner avec un service clé en main qui s’adapte à leur quotidien et facile d’utilisation », conclut Clémence Camby.
Sorties à Domicile
Sorties à Domicile est une solution dont l’objectif est de faciliter les sorties de personnes âgées, très alertes intellectuellement, mais qui manquent de mobilité. Un programme bimestriel leur est ainsi envoyé en amont, et la société se charge d’aller chercher ces personnes à domicile pour faciliter leur participation. Initialement axé sur les sorties culturelles, le programme s’est, à la demande de son public, élargi aux sorties touristiques, qu’il s’agisse de sorties de tourisme de proximité pour les personnes âgées qui se sont rapprochées de leurs familles sans connaître la zone, ou d’excursions à l’extérieur de Toulouse. « En plus du fait de découvrir, ces sorties permettent à ces personnes de ne pas être toutes seules, à un âge où il n’est pas évidement de recréer des liens sociaux à cause des problèmes de mobilité », ajoute Caroline Lamorthe, précisant que Sorties à Domicile répond à un certain besoin de convivialité.
Déjà à l’origine du projet l’Association Française des Aidants, créée depuis Paris après la canicule de 2003 pour faire reconnaître l’action des proches qui s’occupaient de leurs parents fragiles, Caroline Lamorthe explique avoir souhaité d’impulser à Toulouse une initiative plus opérationnelle visant directement les personnes âgées fragiles. « Sorties à Domicile peut se concevoir comme un relais pour les proches puisque d’autres accompagnateurs qui s’occupent d’eux le temps de la sortie, mais aussi parce que nous maintenons l’autonomie des personnes le plus longtemps possible », précise-t-elle.
Par ailleurs, la porteuse de projet insiste sur le fait que le modèle de Sorties à domicile se veut un échange équitable entre les accompagnateurs et accompagnés. « Nous mobilisons l’énergie humaine de bénévoles qui covoiturent des personnes âgées avec l’aide de jeunes en service civique nous nous appuyons sur les ressources (voitures, disponibilités…) de nos adhérents pour les recycler en interne. C’est un échange équitable, dans le sens où la participation des personnes accompagnées couvre le prix de la place, en plus d’un pourcentage du prix de la place de la personne qui accompagne. C’est comme si la personne covoiturée invitait l’accompagnateur à assister au spectacle ou à la visite. Ce qui rend la mission de Sorties à Domicile durable, c’est que, dans une société où les personnes âgées sont considérées comme des poids, non seulement nous en faisons des ressources, mais nous les mutualisons avec du covoiturage et de la location de véhicules propres », explique Caroline Lamorthe.
Victime de son succès, la fondatrice de Sorties à Domicile confie penser à développer une application pour confirmer l’inscription et la confirmation des horaires de rendez-vous. Cette application permettrait à l’association de faire face à une demande croissante, mais aussi de pouvoir proposer toute une palette de conseil et de services sur un plus large territoire.
Uwinbike
Uwinbike est un outil digital d’incitation à la mobilité active. Permettant à ses utilisateurs d’enregistrer leurs trajets, la solution est principalement adressée aux entreprises désireuses d’inciter leurs collaborateurs ou leurs clients à effectuer des déplacements domicile-travail à vélo. « C’est un trajet contraignant, que certains sont obligés de faire souvent. En France, 3% des trajets sont faits à vélo, et la moitié des trajets de moins de 5 kilomètres sont faits en voiture. Il y a un potentiel énorme », explique Guilhem Latrubesse, fondateur de Uwinbike.
L’idée de Uwinbike est née d’une demande des employeurs qui souhaitaient encourager leurs salariés à venir en vélo. « L’État est en train d’investir énormément d’argent avec les collectivités pour investir dans les aménagements et met en place une incitation financière, le Forfait Mobilité Durable, qui permet de donner une prime aux personnes qui viennent à vélo sur leur lieu de travail. Ce montant est de 200 euros annuels pour la fonction publique, mais qui peut aller jusqu’à 500 euros par an chez les entreprises privées », précise Guilhem Latrubesse . Comme cela existe pour les frais de déplacement en transports en commun, dont les entreprises peuvent couvrir une partie, cette incitation financière encourage les employeurs à, à leur bon vouloir, inciter les gens à se déplacer en vélo en proposant de couvrir les frais d’entretien par exemple. « Certaines grandes entreprises nous ont fait remonter que, si tel dispositif devait se mettre en place, elles demanderaient à leurs salariés de pouvoir attester de leurs déplacements à vélo. C’est l’idée initiale de Uwinbike. Grâce à de l’intelligence artificielle qui détecte automatiquement quand la personne utilise l’application Uwinbike sur son smartphone, nous apportons une preuve de pédalage ». Pour que l’incitation ne soit pas uniquement financière, la plateforme mise aussi sur l’aspect ludique et propose plusieurs défis et challenges, pouvant être faits individuellement ou collectivement.
Pour l’instant, la solution s’est déployée sur la zone aéroportuaire de Toulouse, en partenariat avec différentes entreprises de l’aéronautique, mais aussi autour du CHU de Montpellier et prochainement sur le secteur des Yvelines dans le cadre de la semaine de la Mobilité durable. « Aujourd’hui, Uwinbike représente un peu plus de 120000 kilomètres effectués à vélo, un peu plus de 20 tonnes de CO2 économisés et 2000 cyclistes qui utilisent quotidiennement ou occasionnellement Uwinbike », se félicite le fondateur de la start-up. Guilhem Latrubesse souhaite désormais élargir sa solution vers des trajets domicile-sites touristiques/ événementiels, afin de permettre aux structures partenaires de féliciter leurs visiteurs cyclistes à travers de multiples défis et des tarifs réduits.