L’IRT Saint-Exupéry à l’avant-garde de l’IA « frugal »

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ToulÉco

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L’IRT Saint-Exupéry, dont le siège est à Toulouse, multiplie les projets autour de l’intelligence artificielle (IA) avec des acteurs locaux, comme Aniti, mais aussi internationaux. L’institut travaille notamment sur le développement d’une IA beaucoup moins consommatrice en énergie.

L’institut de recherche technologique (IRT) Saint-Exupéry s’impose de plus en plus comme l’un des acteurs de premier plan de l’intelligence artificielle (IA) [1] en France, en collaborant notamment avec l’institut toulousain en intelligence artificielle Aniti. La spécialité de l’IRT, les systèmes critiques du spatial et de l’aéronautique [2]. « Nous créons des IA robustes et explicables, capable de naviguer dans des environnements complexes et incertains. Quand vous mettez de l’intelligence artificielle dans un système d’estimation de la distance de freinage en avion, vous comprenez bien qu’il ne vaut mieux pas se tromper ! », souligne avec une pointe d’humour Lionel Cordesses, directeur technologies intelligentes à l’IRT.

Le budget annuel de l’organisation pour les activités IA est de 12 millions d’euros. 75 à 80 équivalents temps plein travaillent dans les différents sites de l’institut à Toulouse, Bordeaux, Sophia Antipolis et même Montréal. La principale ville du Québec est en effet un des hauts lieux mondiaux de l’IA. Les spécialistes français et leurs homologues québécois travaillent ensemble sur un programme Deel centré autour des systèmes embarqués pour l’aéronautique et le spatial.

Frugalité et emploi, des priorités pour l’IRT

L’IRT tente aussi de se démarquer en misant sur les projets autour de la frugalité. L’intelligence artificielle consomme en effet énormément d’énergie et, en ces temps de crise énergétique et de nécessaire transition écologique, il faut que les dépenses énergétiques de l’IA diminuent. « On vise une triple frugalité : en données, lors du temps d’apprentissage et enfin au moment de l’utilisation. C’est très dur à atteindre. En général, on atteint notre objectif seulement sur l’une de ces dimensions. Or, l’État français nous a fixé clairement cet objectif de triple frugalité. Face aux géants étrangers du numérique qui travaillent aussi sur le sujet, il faut que nous soyons au rendez-vous », résume Lionel Cordesses. La sobriété peut aussi passer par le non-recours à l’IA. « Développer une intelligence artificielle, c’est très coûteux et long. Nous avons des processus en collaboration avec des anthropologues et autres spécialistes du comportement humain pour mesurer si l’IA apporte réellement quelque chose ou non », explique le directeur technologies intelligentes de l’IRT.

L’institut de recherche technologique mène par ailleurs des programmes en dehors de l’aérospatiale. Il travaille notamment sur des projets de détection de cancers et de myopathies avec respectivement l’Oncopole et le CHU. Ces multiples initiatives nécessitent de faire travailler plein de cerveaux. « Je cherche de nouvelles personnes en permanence. Des statisticiens, des mathématiciens, etc. J’embauche des jeunes très prometteurs avant même qu’ils ne soient diplômés et je rappelle des retraités extrêmement compétents pour nous donner un coup de main », confie la tête pensante de l’IA. Celui-ci, comme pour enfoncer le clou, met en avant les neuf interventions de l’institut au prochain NeurIPS, conférence internationale très prestigieuse où les Gafam se taillent régulièrement la part du lion avec un peu plus d’une centaine de présentations. Preuve que l’IRT commence à faire autorité au niveau mondial.
Matthias Hardoy

Sur la photo : Deux chercheurs de l’IRT Saint-Exupéry travaillant autour de l’IA, un des axes de recherche de l’institut de recherche technologique dont le siège est situé à Toulouse. Crédit : IRT Saint-Exupéry.

Notes

[1] Champ interdisciplinaire qui étudie le fonctionnement du cerveau et son imitation par les machines à des fins d’assistance ou de substitution à des activités humaines.

[2] Parmi les très nombreux projets, on peut citer par exemple Minds, mené en partenariat avec les sociétés Thales Alenia Space et Thales Services Numériques et l’entreprise Réuniwatt pour un budget de 2,2 millions d’euros sur trois ans afin de rester compétitif dans le domaine de l’observation de la Terre.