Une start-up toulousaine crée le premier « robot-fourmi » au monde

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ToulÉco

Après des années de recherche, la start-up toulousaine MecaBotix va prochainement commercialiser son « robot-fourmi » M3-Cooper, premier AMR (Automated Mobile Robot) modulaire au monde.

Il s’est inspiré de la nature pour inventer le robot logistique du futur. Jean-Christophe Fauroux, cofondateur de la start-up toulousaine MecaBotix, s’apprête à vivre une année charnière avec la commercialisation de son « robot-fourmi ». Pourtant, avec 1,8 m de haut, 70 cm de large et 250 kg, le M3-Cooper ne ressemble pas vraiment à un petit insecte. Du moins en apparence, car ce sont plutôt des comportements que ses concepteurs ont cherché à reproduire. « En termes de capacité de levage, les fourmis sont bien plus performantes que les outils industriels », explique-t-il. « Un chariot soulève généralement un tiers de sa masse. La fourmi peut porter seule jusqu’à dix fois son poids et bien plus avec l’aide de ses congénères. »

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Les M3-Cooper, pour « Manipulateurs mobiles modulaires coopératifs », peuvent ainsi s’agréger entre eux et unir leurs forces pour soulever et déplacer des charges pesant jusqu’à une tonne. « Personne n’y avait pensé avant », constate fièrement l’entrepreneur, sur le point de commercialiser ce premier polyrobot modulaire au monde. « Dans un premier temps, ce sera une version téléopérée. L’autonomie totale devrait être acquise d’ici la fin de l’année », précise-t-il.

Répondre aux grands défis de la logistique

Chaque « fourmi » se compose d’un châssis, d’un mat de levage avec un organe terminal (plateau, fourche ou crochet) ainsi que d’un bras cobot. Deux stabilisateurs lestent le tout grâce au poids des batteries, ces dernières étant extractibles pour une utilisation de la machine en continu, sans temps de charge. Capable de se faufiler dans des allées étroites, le robot permettra d’optimiser l’espace. « Avec la hausse du prix des m2, de moins en moins disponibles, la densification du stockage devient un enjeu stratégique », affirme Jean-Christophe Fauroux. Enfin, il adresse également une réponse aux autres défis des entrepôts, usines et chantiers du futur : sécurité, ergonomie et besoin de main-d’œuvre.

Autre atout, la durabilité. L’obsolescence programmée ? Très peu pour eux. Les M3-Cooper sont pensés pour « vivre au moins vingt ans », en s’adaptant aux évolutions des flux dans les prochaines décennies. La réflexion se poursuit autour notamment du choix des matériaux : l’entreprise est une des rares à intégrer du bois dans un outil industriel. « C’est un matériau très sous-utilisé en mécanique. Le bois est solide, réutilisable, recyclable, il présente de nombreux atouts par rapport à ses concurrents plastiques ou métalliques », explique Jean-Christophe Fauroux.

Objectif 1 million d’euros pour la première levée de fonds

« Rien ne résiste à un acharnement de fourmi », écrivait en 1866 Victor Hugo, en exil à Guernesey. Jean-Christophe Fauroux ne dirait pas le contraire. Ancien enseignant-chercheur, il a mûri son projet pendant vingt ans à l’Institut Pascal de Clermont-Ferrand. Avec son collègue Zine Elabidine Chebab, ils sautent le pas en 2021 afin de transformer leurs recherches en applications concrètes : MecaBotix est née. La troisième associée, Hélène Mariette, rejoindra l’aventure quelques semaines plus tard. Installée à La Cité de Toulouse, l’entreprise compte aujourd’hui une douzaine de personnes.

Jean-Christophe Fauroux regrette que les rapprochements entre recherche et industrie ne soient pas encouragés. « J’ai dû me mettre en disponibilité pour créer MecaBotix. Dans deux ans, il me faudra définitivement dire adieu à l’enseignement et à la recherche », déplore-t-il. Une prise de risques qu’il a acceptée. Le prototypage touche à sa fin, les tests aussi. Les trois associés espèrent maintenant lever 1 million d’euros pour accompagner le déploiement du M3-Cooper à l’échelle industrielle.
Marie-Dominique Lacour

Sur la photo de gauche à droite : Mme Kahina Chababi (BE Informatique), Anas Derkaoui (BE Informatique), Jean-Christophe Fauroux (CEO), Zine Elabidine Chebab (CTO), Anthony Sergent (BE Mécanique), Byron Vang (BE Fabrication). Crédits : Rémy Gabalda – ToulÉco.