Deritech. La start-up qui veut faciliter l’accès à la connaissance des déficients visuels

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ToulÉco

La start-up toulousaine Deritech, soutenue par l’incubateur occitan Nubbo, développe une solution innovante pour tablette à destination des déficients visuels afin qu’ils puissent mieux appréhender des schémas, des plans, des dessins, etc. Un outil qui pourrait avoir d’autres applications.

Christophe Jouffrais est un chercheur acharné. Depuis plusieurs décennies, il planche sur des solutions afin de faciliter la vie des déficients visuels. « Cela fait une vingtaine d’années que j’ai créé un laboratoire de recherche nommé Cherchons pour voir. Je collabore avec l’Université de Toulouse et avec l’institut des jeunes aveugles de Toulouse. Nous travaillons sur des prototypes permettant aux déficients visuels d’être plus autonomes. Nous créons vraiment la technologie avec eux, en tenant compte de leurs retours », détaille le directeur de recherche du CNRS, qui dirige également un laboratoire à Singapour. Aujourd’hui, il travaille sur Deri, une solution pour tablette tactile pour rendre accessible l’appréhension des schémas, des plans, des dessins. Celle-ci sera distribuée par Deritech, start-up créée pour l’occasion et actuellement hébergée par Nubbo, l’incubateur à mission occitan. Elle a été fondée avec Bernard Ariola, ingénieur au CNRS, et Benjamin Cluzant, chargé du développement commercial.

« Sur une tablette [1], on appose une couverture à relief [2]. Une fois ouvert le document dans notre solution logicielle, selon les points touchés, on peut déclencher des descriptions verbales, des sons, des musiques. Cela rend ludique et plus aisée la compréhension des documents géographiques ou très visuels, qui ne sont pas ou peu accessibles aux malvoyants », résume Christophe Jouffrais. La start-up vise notamment le monde de l’enseignement, de la formation ou encore l’édition scolaire.

Une solution adaptable à d’autres environnements et d’autre troubles

Outre la vente et la promotion de Deri, la jeune pousse va proposer plusieurs services. « Nous allons nous charger du processus d’adaptation d’un certain nombre de documents vers notre solution. Nous allons aussi organiser des formations pour expliquer l’utilisation de notre logiciel et apprendre aux plus aguerris à implanter de nouveaux documents à l’intérieur », explique le chercheur auto-entrepreneur. Les couvertures seront réalisées par le Centre de transcription et d’édition en braille (CTEB), association toulousaine qui dispose d’une ligne d’imprimerie spécialisée. Akkodis et SS2I, deux sociétés de conseil et de services numériques, se sont montré sensibles à la démarche de Deritech et ont signé un accord de mécénat avec la jeune pousse.

Sa solution, qui a été testé par plusieurs organisations en lien avec des personnes déficientes visuelles, étant aujourd’hui au point techniquement, la start-up toulousaine est désormais en pleine structuration juridique et peaufine son modèle économique. Elle est notamment en train de réfléchir à d’autres marchés potentiels à conquérir. C’est le cas par exemple du monde des musées qui pourrait se saisir de Deri pour rendre accessible ses œuvres aux déficients visuels. Une autre piste de développement pour la jeune pousse toulousaine est d’adapter sa solution à d’autres troubles comme les troubles dys [3].
Matthias Hardoy

Sur la photo : Christophe Jouffrais, chercheur au CNRS, fondateur de la start-up toulousaine Deritech, avec Bernard Ariola, ingenieur au CNRS. Crédit : Hélène Ressayres- ToulÉco.

Notes

[1] La solution Deri peut-être utilisée avec la plupart des tablettes actuelles.

[2] Faite à base de papier thermogonflable.

[3] Les troubles dys sont des troubles plus ou moins sévères, des fonctions cognitives du cerveau relatives au langage, à l’écriture, au calcul, aux gestes et à l’attention.