Catherine Voisin, Orange : « Notre ancrage local est important pour être au plus près des besoins des clients »

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ToulÉco

Arrivée à la tête de la direction Grand Sud-Ouest en septembre dernier, Catherine Voisin évoque les enjeux du groupe sur ce large territoire où Orange compte 11.000 collaborateurs sur vingt-cinq départements.

Au cours des dernières années, les métiers d’Orange ont évolué. Le groupe va-t-il conserver sa mission historique d’opérateur télécoms ?
Tout à fait. Je tiens à réaffirmer le rôle d’Orange comme opérateur télécoms, aussi bien au niveau commercial que des infrastructures de réseaux. C’est le cœur de notre métier, à la fois en termes de personnels mais aussi de vision stratégique. Nous construisons et entretenons des infrastructures pour nous et les autres opérateurs. Trois clients sur quatre ont ainsi été fibrés grâce à nos infrastructures en France, ce qui est considérable.
Cependant, même dans ce métier historique, les choses ont beaucoup évolué. Avec le déploiement du très haut débit notamment, à travers la fibre et le réseau mobile 5G, auquel 58 % de la population du Grand Sud-Ouest [1] a accès. Nous allons par ailleurs de plus en plus vers des méthodes de virtualisation des réseaux, afin d’optimiser les ressources. On décorrèle la puissance de calcul des services sur le réseau, ce qui permet une certaine forme de résilience. C’est une vraie révolution.
Enfin, il y a le sujet de l’impact environnemental de nos réseaux, et dont l’optimisation passe par une nécessaire modernisation. La 5G est, par exemple, dix fois meilleure que la 4G en ce qui concerne la consommation énergétique [2].

Mais aujourd’hui, Orange assure bien d’autres missions et devient aussi une entreprise de services numériques…
Avec la digitalisation croissante de la société, Orange se diversifie et crée de nouveaux métiers autour de l’IA ou des objets connectés par exemple. Nous évoluons avec une offre de services sur mesure. On renforce notre savoir-faire pour être en capacité de faire des propositions adaptées aux besoins, comme c’est le cas avec Orange Cyberdéfense à Toulouse. Si la cybersécurité est un enjeu important pour les entreprises, les cyberattaques concernent aussi les particuliers. C’est pour cela que nous lançons cette année une offre cyber pour le grand public.
Enfin, Orange vient de lancer au niveau national le projet Bleu avec Capgemini, en partenariat avec Microsoft, afin de développer un cloud souverain. Il devrait être opérationnel fin 2024 et la région Grand Sud-Ouest y sera forcément impliquée en raison des enjeux cybersécurité et de notre force de frappe en région.

Tout cela s’inscrit dans votre nouveau plan stratégique, baptisé Lead The Future
Oui, toutes ces questions sont les piliers de ce plan stratégique. Sur la partie infrastructures, notre enjeu est d’assurer la résilience des réseaux et l’excellence opérationnelle. À ce titre, le câble sous-marin Amitié, inauguré en fin d’année, et qui relie sur 6800 km Boston à Bordeaux et à l’Angleterre, est un très bon exemple.
Mais au-delà de ces différents points, Lead The Future acte surtout notre ambition en tant qu’entreprise responsable sur le plan sociétal et environnemental. Orange s’est fixé pour objectif d’atteindre le zéro carbone d’ici à 2040. Cela passe par de nombreuses actions. Dans le Grand Sud-Ouest, par exemple, on travaille à la consommation énergétique sur nos réseaux. Tous les équipements liés à la technologie ATM, qui n’est plus utilisée, ont par ailleurs été débranchés. Il y a également une volonté de favoriser le reconditionnement ou le recyclage des matériels, ce qui fonctionne particulièrement bien dans le Grand Sud-Ouest. Pour quatre mobiles neufs vendus, nous en collectons un ancien et nous proposons 23 % de téléphones reconditionnés sur nos offres. Pour cela, Orange travaille avec des acteurs locaux, comme Ingram Micro Services, à Montauban.
Enfin, nous voulons être des acteurs de l’inclusion numérique, ce qui fait partie de notre responsabilité sociétale. Nous avons, sur le territoire, 350 salariés volontaires qui participent au programme Orange Digital Center afin de limiter la fracture numérique entres les zones et les générations ;

Le Grand Sud-Ouest, avec son vaste territoire, ses métropoles comme Bordeaux, Toulouse et Montpellier, mais également ses zones rurales, revêt-il des enjeux particuliers pour Orange ?
Cette question géographique est un enjeu en soi. Notre territoire a beaucoup de spécificités différentes : des montagnes, du littoral, une forte ruralité, des zones en forte croissance démographique, d’autres plus touristiques, etc. Nous devons donc résoudre plusieurs équations.
Les bassins de Bordeaux, Toulouse et Montpellier rassemblent les deux tiers des personnels d’Orange dans le Grand Sud-Ouest, le reste étant réparti dans les autres territoires. Pour être au plus près des clients dans les zones rurales, nous avons un réseau d’une centaine de boutiques, qui va s’étoffer. Nous avons d’ailleurs ouvert une boutique à Saint-Céré, dans le Lot, en ce début d’année. Nous avons aussi développé des camions Orange, qui se déplacent pour aller dans des petites communes, des villages, afin d’accueillir les citoyens et répondre à leurs besoins.
Et puis, dans ce vaste territoire, nous avons aussi des infrastructures physiques, avec notamment cinq millions de poteaux à entretenir et sur lesquels nous devons intervenir rapidement en cas de problème. Sur ce point, le vol de câble est un vrai sujet, notamment en Occitanie.
Par ailleurs, pour accompagner le développement touristique, nous déployons des solutions de très haut débit, temporaire ou non, sur les zones du littoral où les populations connaissent une forte croissance l’été, mais aussi dans les zones de montagne, comme Font-Romeu ou Cauterets.

Nouvelle Aquitaine et Occitanie ont aussi un tissu économique très différent. Cela a-t-il un impact ?
Oui. En schématisant, Toulouse s’appuie sur l’aéronautique et le spatial, Montpellier sur la santé et les biotech, et Bordeaux sur le vin et les start-up. Orange travaille à répondre aux besoins spécifiques. Le 5G Lab, créé en 2021 à Toulouse, accueille les entreprises afin de favoriser la coconstruction et l’innovation. L’idée est de développer tout le potentiel de la 5G pour l’industrie, la supply chain, l’agriculture… En décembre dernier, sur note campus de Balma, nous avons accueilli la deuxième édition du Cercle Aerospace Business Square. Cet ancrage est important, pour être au plus près des clients et de leurs besoins. Notre nouvelle signature de marque est d’ailleurs « Orange est là ». Mon rôle va être de le montrer aux acteurs locaux.

Des recrutements sont-ils prévus prochainement ?
Orange compte 11.000 salariés mais, avec nos sous-traitants et nos partenaires, nous représentons près de 34.000 emplois sur le territoire. Pour répondre à l’évolution des métiers, nous comptons d’abord sur la formation interne et la fluidité des parcours professionnels. En matière de recrutement, nous privilégions les métiers de la data, de la cybersécurité, de l’IA… Nous avons besoin d’environ cent personnes par an. À titre de comparaison, nous avons recruté une quarantaine de personnes sur les métiers des réseaux et de l’intervention en 2023. Orange doit par ailleurs veiller à la diversité des profils, un point auquel je suis très attachée.
Enfin, pour rester dans les ressources humaines, si notre territoire est peu concerné au niveau sportif par les Jeux Olympiques, une cinquantaine d’experts du Grand Sud-Ouest vont renforcer les équipes parisiennes pendant l’événement.
Propos recueillis par Paul Périé

Sur la photo : Catherine Voisin, directrice Orange Grand Sud-Ouest depuis septembre dernier. Crédit : Alexandra Geyser – Orange.

Notes

[1] Régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine

[2] Cela ne tient pas compte de l’explosion de la consommation de données que cela va engendre ni de l’exploitation de ressources naturelles non renouvelable, de l’extraction des métaux rares, etc.